Hôtels Turgot et Lévis-Mirepoix

121 rue de Lille : deux hôtels particuliers

Véritable enclave du XVIIIe siècle entourée d’une architecture hausmannienne, l’hôtel Turgot – édifié en 1743 par le promoteur Pierre Salles – est le seul d’une série de sept qui subsiste encore rue de Lille.

{Inventaire après décès de Mr Turgot ministre d'État}, 27 mars 1781
Inventaire après décès de Mr Turgot ministre d’État, 27 mars 1781
inv. 2016-A.5

Ouvrant sur la rue de Bourbon (l’actuelle rue de Lille), un premier bâtiment contenait une écurie pour quinze chevaux, quatre remises de carrosses, un office et une chambre d’office. Au-dessus se trouvait le grenier à foin. Les cuisines étaient situées dans l’aile de droite, ainsi qu’ « un bel escalier pour monter au corps de logis double situé entre cour et jardin et donnant sur la rue de l’Université ». C’est cette partie de l’hôtel que l’on connaît aujourd’hui et où est conservée la collection d’art de la Fondation Custodia. À l’époque de sa construction, le rez-de-chaussée se composait de deux antichambres, d’un salon, d’une chambre à coucher, d’un cabinet et d’une garde-robe, distribution qui n’a pas changé depuis. Le premier étage était disposé de la même façon, alors que les combles accueillaient les chambres des domestiques.

{Inventaire après décès de Mr Turgot ministre d'État}, 27 mars 1781
Inventaire après décès de Mr Turgot ministre d’État, 27 mars 1781
inv. 2016-A.5

L’hôtel tient son nom d’Anne-Robert-Jacques Turgot, contrôleur des finances de Louis XVI, qui y mourut le 17 mars 1781. Fils de Michel-Étienne Turgot, commanditaire en 1734 du célèbre plan de Paris, il fut un grand humaniste et contribua à l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert. Pour en savoir plus sur Turgot : E-Newsletter n° 9, mars 2017, p. 7.

Après 1836, l’hôtel fut la propriété de la famille de Crillon, puis de leurs descendants, les Lévis-Mirepoix.

L’hôtel Lévis-Mirepoix

C’est le comte de Lévis-Mirepoix qui, en 1895, commanda à l’architecte Louis Parent un immeuble de cinq étages à l’emplacement des anciens communs, sur rue. Plus confortable et fonctionnel que l’hôtel Turgot au fond de la cour, il comptait au premier étage l’appartement de M. le Comte. Celui de Mme la Comtesse se trouvait au deuxième et les troisième et quatrième étages étaient occupés par le personnel et les lingeries.

L’ensemble fut vendu en 1928 à la duchesse d’Estissac de La Rochefoucauld, à qui le collectionneur et historien d’art Frits Lugt (1884-1970) et son épouse To Lugt-Klever (1888-1969) achetèrent les deux hôtels en 1953 pour y établir la Fondation Custodia qu’ils avaient créée en 1947.

De 1953 à nos jours

L’hôtel Turgot héberge désormais la collection d’art réunie par le couple néerlandais. D’importants travaux furent entrepris par Lugt, qui fit venir des Pays-Bas des éléments pour décorer les différentes pièces de l’hôtel. Le « salon hollandais » s’inspire ainsi de l’ambiance d’un tableau de Johannes Vermeer ou de Pieter de Hooch avec sa cheminée et ses carreaux qu’on retrouve dans les peintures du Siècle d’Or hollandais.

Depuis 2016, sont peu à peu adaptées les conditions de conservation et les installations techniques des salons aux exigences de notre époque, dans le strict respect des intentions du couple de fondateurs. Le décor bénéficie d’un soin particulier pour mieux mettre en valeur la collection et l’éclairage LED contribue notamment à favoriser cette atmosphère propice à la contemplation. L’authenticité des objets, du mobilier et des œuvres d’art dans les différents espaces est primordiale et donne une dimension spéciale à une visite de la collection.

  • Esaias Boursse (Amsterdam 1631-1672 en mer)
    Esaias Boursse (Amsterdam 1631-1672 en mer)
    Femme âgée cousant
    Panneau, 28,5 × 22,3 cm
    inv. 5471

L’hôtel Lévis-Mirepoix abrita, de 1957 à 2013, l’Institut Néerlandais, centre culturel des Pays-Bas créé à l’initiative de Frits Lugt. S’y trouvent aujourd’hui, au premier étage et au sous-sol, les salles d’exposition de la Fondation Custodia ainsi que sa bibliothèque d’histoire de l’art au quatrième étage. Les deuxième et troisièmes étages sont occupés respectivement par l’Atelier Néerlandais et la Terra Foundation for American Art.

Le 121 rue de Lille constitue avec son jardin un havre de paix dans le 7e arrondissement.


Source : La rue de Lille, Délégation à l’Action Artistique de la Ville de Paris, Société d’Histoire et d’Archéologie du VIIe arrondissement ; exposition à l’Institut Néerlandais du 7 au 28 février 1983.