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18. Adrien Dauzats

18. Adrien Dauzats

Bordeaux 1804 – 1868 Paris

Un figuier de Barbarie Opuntia ») à Séville, 1836

Adrien Dauzats, formé tout d’abord dans sa ville natale comme peintre de décors de théâtre, complète son apprentissage à Paris auprès du paysagiste Michel Julien Gué (1789-1843). Il se fait rapidement remarquer pour son talent à restituer fidèlement l’histoire monumentale d’une région1, par le biais de dessins pris sur le motif, et pour sa maîtrise de la lithographie. Ces qualités n’échappent pas au baron Isidore Taylor (1789-1879), qui le sollicite dès 1827 pour contribuer à l’illustration des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France (1820-1863)2. En 1835-1837, Dauzats participe à une nouvelle mission du baron, envoyé en Espagne par Louis-Philippe dans le but de réunir pour ce dernier un « ensemble représentatif d’œuvres de l’école espagnole », qui servira à la création de l’éphémère Galerie espagnole exposée au Louvre de 1838 à 18483. Lorsque Taylor et son équipe parviennent en Andalousie, à l’automne 1836, ils sont rejoints par Dauzats qui venait de passer une année presque complète en Espagne. Notre dessin, exécuté en juin de cette même année, est un souvenir des excursions de l’artiste dans les environs de Séville4.

Par une mise en page qui tire le meilleur parti du format généreux de la feuille, Dauzats confère une dimension monumentale5 à ce figuier de Barbarie. Le motif est présenté frontalement, avec un point de vue légèrement surbaissé, qui suggère que l’artiste s’est installé près du sol, à faible distance de son sujet. Après avoir rapidement indiqué au crayon l’ossature du végétal, il a construit ses volumes au moyen de larges touches d’aquarelle. La partie haute du figuier est une véritable étude d’ombre et de lumière, qui révèle la complexité de sa forme dans une grande économie de moyens. À la pointe du pinceau, Dauzats a également détaillé le feuillage d’un arbuste, dont les branches s’entremêlent avec le figuier, et qui portent des fruits ou fleurs rouges notés par quelques points de gouache. Mais l’attrait de cette aquarelle tient surtout à ses divers degrés d’achèvement, l’artiste laissant délibérément des parties très schématisées, notamment l’autre figuier de Barbarie à l’arrière-plan à gauche, traité en un aplat monochrome, d’où émerge la silhouette des raquettes se découpant sur le fond brun. Les réserves de papier, dans les angles inférieurs de la feuille, suggèrent la luminosité estivale qui baigne le motif. Dauzats joue également par endroits d’un pinceau presque sec, accrochant le grain du papier et fondant les couleurs de l’aquarelle avec le blanc-crème de la feuille. L’artiste fait ainsi preuve, dans ce dessin au charme immédiat, de remarquables capacités d’observation ainsi que d’un naturalisme inspiré. Le sujet fait toutefois figure d’exception dans son corpus dessiné connu, composé exclusivement de vues d’architectures, d’études de figures et de quelques paysages.

Artiste-voyageur associé au courant orientaliste – il accompagne la mission du baron Taylor en Egypte6 et au proche-Orient en 1830, puis l’expédition militaire du duc d’Orléans en Algérie en 1839 – Dauzats est longtemps resté dans l’ombre d’Eugène Delacroix (1798-1863)7.

L’acquisition de ce dessin, le premier de sa main à rejoindre les collections de la Fondation Custodia8, est fidèle à l’esprit de Frits Lugt, toujours en quête des œuvres les plus atypiques au sein de la production d’un artiste. MNG

1Jeannine Baticle, « Zurbarán vu par Dauzats en 1836 », Gazette des Beaux-Arts, 140e année, octobre 1998, p. 102. Pour une biographie complète d’Adrien Dauzats, voir Paul Guinard, Dauzats et Blanchard peintres de l’Espagne romantique, Paris, 1967, p. 27-82.

2Le baron venait par ailleurs de publier le Voyage Pittoresque en Espagne, Portugal et sur la côte d’Afrique de Tanger à Tétouan, Paris, 1826.

3Jeannine Baticle et Christina Marinas, La galerie espagnole de Louis-Philippe au Louvre, Paris, 1981, p. 3-9.

4La vente après décès de Dauzats, Paris, Hôtel Drouot, 1-4 février 1869, comportait, au n° 340, trente et un dessins et études d’après nature, réalisés à Grenade, Séville, Tolède, Alicante et Cordoue, sans que le catalogue n’en donne toutefois le détail.

5Un esprit similaire se retrouve dans une aquarelle aux dimensions exceptionnelles, dépeignant le passage des Portes de Fer, en Algérie, par les chasseurs du troisième régiment et les soldats du deuxième léger, 1840, Versailles, Musée national du Châteaux de Versailles et de Trianon, inv. MV2665 (aquarelle ; 630 × 990 mm), que Dauzats traite comme une impressionnante architecture naturelle.

6Le roi avait confié au baron la mission de faire confirmer par Mehemet Ali le don de l’obélisque de Louqsor, puis de préparer son transfert vers la France ; Paul Guinard, « Adrien Dauzats - Peintre et voyageur romantique », Médecine de France, n° 116, 1959, p. 24-26.

7Delacroix tenait pourtant Dauzats en haute estime, si l’on en croit Philippe Burty qui indique, dans la préface du catalogue de la vente Dauzats (voir note 4) que le maître lui avait offert plusieurs de ses meilleures esquisses.

8Deux nouvelles œuvres de Dauzats rejoindrent ses collections en 2018 : un carnet de croquis contenant neuf dessins réalisés pendant son voyage en Syrie, inv. 2018-T.2 (graphite ; 195 × 260 mm) ; et un tableau, Château de Teba, en Espagne, 1836, inv. 2018-S.12 (huile sur toile ; 32,5 × 49 cm).